Petit retour sur l’origine du masque du médecin de la peste
La peste était autrefois la maladie la plus redoutée au monde, éliminant des centaines de millions de personnes et causant de terribles souffrances à ses victimes. Aujourd’hui, nous associons la maladie à l’image du célèbre masque à tête d’oiseau qui habillait le visage d’un médecin de la peste. D’où vient ce masque en fait ?
L’origine du masque du médecin de la peste
Le masque à tête d’oiseau est apparu pour la première fois deux siècles et demi après l’apparition de la peste noire, lors de la deuxième vague de l’épidémie. Charles Delorme, l’extravagant premier médecin de Louis XIII, est celui qui a pensé en premier à ce type de vêtements de protection en 1619. Il se compose d’une chemise, d’un pantalon, de bottes et de gants en peau de chèvre (Maroquin du Levant).
Le tout est fait pour ne pas créer d’ouvertures pour l’air extérieur. Tout le corps est recouvert d’un long manteau, également en cuir ou en toile cirée, et le visage est équipé de plumes et d’un faux nez en forme de bec d’oiseau. Découvrez sur ce blog le rôle de cette combinaison dans le travail du médecin de la peste.
Pourquoi ajouter le bec d’oiseau sur le masque du médecin de la peste ?
On se demande bien la raison pour laquelle on a ajouté ce bec particulier sur cet accoutrement ? On croyait communément qu’un miasme, sorte d’air « mauvais », était porteur de maladie. On estimait également que les germes, dont on ignorait à l’époque l’existence se transmettaient non pas par contact entre deux personnes, mais par l’inhalation de ces vapeurs toxiques présentes dans certains lieux contaminés.
Il était donc important que les personnes portant des masques se protègent de ces vapeurs en purifiant l’air parvenant à leurs narines. Pour ce faire, ils choisissaient un bouquet de vinaigre ou d’herbes aromatiques (myrrhe, thym, camphre, clous de girofle, etc.), en imbibant deux petites éponges et les plaçaient entre l’ouverture avant de la buse et leur nez.
Est-ce que tous les médecins portaient ce masque ?
Il semblerait bien que beaucoup de médecins n’ont pas adopté ce masque. Cette théorie est exactement ce qu’elle paraît, et en fait les preuves historiques de l’utilisation de ce type de masque sont rares et très équivoques.
Les plus anciens masques ont été trouvés dans un lazaret vénitien, datant du début du 18e siècle, soit quelque 200 ans après la première description de Delorme. Le premier dessin, daté de 1656, est accompagné d’une satire italienne particulièrement caustique, qui doit être interprétée avec prudence.
Des caricatures de médecins romains et marseillais portant des masques, tenant des bâtons dans leurs mains et prenant le pouls des patients à une distance saine sont également apparues au 18e siècle. En 1661, le médecin danois Thomas Bartholin a publié un récit sur les médecins romains accompagné d’illustrations qui paraissaient corroborer cette légende.
Malheureusement, un coup d’œil au dessin révèle qu’il s’agit de la copie d’une caricature jointe à un pamphlet italien. Marion Maria Ruisinger, du musée d’Ingolstadt, donne une lecture fascinante de deux masques découverts en Allemagne, dont rien ne prouve qu’ils aient été utilisés à des fins médicales.