Graphismes HD, détections de mouvements, consoles hyper puissantes, titres colossaux aux allures de films, le jeu vidéo empile les évolutions. Et pourtant, ces nouveaux pots se remettent aux meilleures soupes avec le retrogaming. Retour sur un phénomène ludique.
Le jeu vidéo n’a pas commencé avec la PlayStation. Notre époque du jeu, devenu quasi film interactif, a été précédé d’une ère où la sueur, les ampoules et les tendinites étaient des passages obligés pour atteindre et pourfendre le dernier boss. De puissantes machines, pour les années 80/90 et des bornes d’arcades faisaient alors tourner des softs ludiques, de ceux qui ont généré l’expression « c’était mieux (et plus dur) avant« .
Le jeu à l’ancienne ne passe bien évidemment pas à côté du retour à la lumière, le vintage touchant à peu près tous les secteurs, aussi bien textile que hi-tech.
En termes de jeux vidéo, on parle de retrogaming. Une notion finalement assez floue puisqu’en fonction de la période à laquelle on débute sa vie de gamer (acharné ou occasionnel), la limite rétro est plus ou moins éloignée.
Par convention, les lettres de noblesse du retrogaming s’inscrivent généralement avant l’arrivée du rouleau compresseur de Sony, générateur de hits et d’une nouvelle génération de joueurs et jeux, certes, mais aussi de la 3D, considérée par beaucoup de retrogamers comme le début de la fin du jeu vidéo qui fleure bon le challenge.
La 3D ayant transposé, dans la majeure partie des sorties, l’intérêt des studios de développement plus sur la forme que le fond tandis que la 2D et ses sprites demandaient plus d’investissement de la part du joueur au sein d’histoire souvent très développées ou simplement parce que le jeu était d’une difficulté monstre. On dénombre plusieurs sortes de retrogamers et donc plusieurs styles de retrogaming, tous pouvant s’entrecroiser.
A la mode, le rétro
Il y a tout d’abord les collectionneurs, qui ont dans leur grenier ou leur salon des trésors de guerre allant du Pong à la Colecovision en passant par la Nintendo NES ou un bon Atari ST avec une multitude de disquettes et cartouches (toujours bien souffler dedans avant de jouer). On recense aussi le joueur compulsif, qui jette régulièrement un coup d’œil dans le rétroviseur, le joueur occasionnel autrefois addict qui refait un tour dans le passé mais aussi les apparatchiks du retrogaming, qui ne jurent que par la 2D. Ces derniers iraient même jusqu’à réfuter l’existence du jeu 3D, sans saveur.
Toujours est-il que développeurs et éditeurs ont senti depuis quelque temps le potentiel d’une exploitation du retrogaming. Le Xbox Live, par exemple, propose depuis un an sur le Live Arcade des adaptations très fidèles de jeux des années 80 et 90 via la Game Room, une sorte de salle d’arcade virtuelle où chaque utilisateur peut s’adonner à ses vieilles passions. Mieux encore, les consoles portables, bien plus puissantes que les blocs de salon de notre enfance, reçoivent chaque mois de nouveaux disques/cartouches/applications reprenant avec plus ou moins de succès (cela dépend du niveau de respect accordé au matériau d’origine).
L’occasion pour les joueurs de l’ère PlayStation et au-delà de découvrir les ancêtres de bon nombres de gameplays et de se frotter aux oldgamers. Car si certaines reprises que l’on peut par exemple retrouver sur iPhone, comme Street of Rage, Radius, Final Fantasy, Sonic ou Monkey Island (qui propose même dans sa version remastérisée de passer à l’original en une touche), d’autres proposent d’associer des concepts old school très fort aux capacités de connectivité des outils contemporain.
Ainsi le jeu de shoot R-Type (notre photo), datant de 1987, voit les joueurs de son portage sur iPhone s’affronter par meilleurs scores interposés, mis perpétuellement à jour. Du rétrogaming à la sauce new age en quelque sorte.
Émulation, le palliatif idéal
En marge du marché mobile qui retrouve quelques attraits aux yeux des « vieux (mais pas si vieux) de la vieille » via des applis reprenant d’anciens softs, il y a un monde où cohabitent de nombreux oldies sur des machines de tout bord : l’émulation. Ou comment reproduire le fonctionnement d’une console ou d’un système vidéoludique avec un soft sur lequel on peut par la suite lancer les jeux (sous forme de fichiers dématérialisés) associés.
On compte aujourd’hui de nombreux émulateurs de Game Boy, Megadrive, Master System, Super Nintendo ou même Neo Geo pouvant très simplement aussi bien tourner sur un ordinateur, une PlayStation Portable (PSP) ou encore un smartphone Android. Le plus connu reste MAME, qui est surtout axé sur les bornes d’arcade avec une liste de jeux longue comme un troupeau de bras.
Si le phénomène s’étend aussi à l’émulation de la première PlayStation, de la Saturn de Sega ou encore la Nintendo 64, le procédé est surtout prisé pour la redécouverte ou découverte de vieux titres sur de vieilles console que l’on peut à peine dégotter sur un extraordinaire coup de chance dans un vide grenier.
Rétro-invasion
Énième résurgence des années 80, le retrogaming est toutefois une influence de poids dans l’imaginaire visuel de nombreux artistes. On peut ainsi mentionner le pixel art, qui consiste à réaliser des panoramas ou des scènes de la vie de tous les jours en prenant comme base, la patte graphique 8-Bits. Il y a aussi la folie urbaine d’Invader, un artiste qui a eu la géniale idée de cimenter des figures issues du jeu légendaire Space Invader sur de nombreux murs de plusieurs villes en France et dans le monde.
Mais le plus bel hommage au oldies, retrogames et autres jeux à l’ancienne, c’est sûrement le court-métrage Pixels, réalisé par le français Patrick Jean, mettant en scène l’invasion de New York par de grandes figures du jeu vidéo des 80’s.
t pour les amoureux du retrogaming, du jeu vidéo dans son ensemble et même les néophytes, le Musée des Arts et Métiers de Paris accueille toujours, jusqu’au 7 novembre prochain, MuseoGames « Une Histoire à rejouer« , qui reprend toute l’histoire du jeu vidéo et permet aussi de s’adonner à des parties endiablées sur d’antiques machines. Un petit tour sur le site MO5.com, organisateur de MuseoGames, devrait finir de vous convaincre de l’importance que revêt aujourd’hui le retrogaming sous toute ses formes.